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21 avril 2018

Le ramadan de la parole- Jeanne Benameur

Actes Sud Junior, parution mai 2014, 53 pages

 

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 Petit recueil de trois récits. Trois jeunes filles en révolte pour la liberté des femmes.

     ‘Même les chinoises n’ont plus les pieds bandés’. La première vit dans une famille catholique où la seule lecture autorisée est celle de la Bible. Elle se rebelle contre sa mère qui veut lui retirer ses livres. « Mes livres vous font horreur. Ils sont ma jungle et ma liberté. Ils sont le souffle que je vous crache au visage. Je voudrais d’ici demain les faire entrer sous ma peau. La connaissance tatouée à l’intérieur. Pour vivre. Les mains qui ont écrit ces mots étaient des mains libres. Je les voudrais sur ma tête cette nuit pour une dernière bénédiction. Et votre Bible ne m’est rien. »

     ‘Le ramadan de la parole’. La deuxième se mure dans le silence pour contrer la pression de sa religion musulmane qui lui impose de soustraire à la vue l’ensemble de ses caractères féminins. « Je ne veux plus participer à ce langage qui fait de nous des bêtes de crainte. Je me lave de toutes ces insultes qu’on entend, de tous ces gestes obscènes, de tous ces interdits qu’ils jettent sur nous pour se protéger de leurs désirs. »

     ‘À l’affiche’. La troisième n’accepte pas que sa mère ait posé nue sur une affiche publicitaire. « Je cache  mon corps de plus en plus. Des vases communicants. Plus tu dévoiles et plus je masque. J’ai honte. Si honte. C’est comme si c’était moi qu’on exhibait. Je hais les affiches pour longtemps. »

 

     J’aime les idées que défendent chacune de ces jeunes filles. Dans ces textes, de mini-journaux intimes, il est question d’identité culturelle, intellectuelle et physique. Aucune ne veut subir un monopole familial. S’émanciper et se libérer de ces dictats, c’est leur seule conviction. La liberté des femmes, sujet d’actualité depuis des décennies et qui malheureusement n’avance pas plus vite qu’un escargot à l’échauffement ! En clair, la brièveté des textes les rendent d’une telle puissance qu’ils nous interrogent toujours et encore sur la condition des femmes.

 

 

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