Triple Zéro- Madeleine Watts, traduction Brice Matthieussent
Rue de l’Échiquier, juin 2022, 299 pages
Une jeune écrivaine rêve de quitter son pays pour les États-Unis. Plaquant sa dernière année à l’Université, il lui faut dorénavant subvenir à ses besoins et préparer son voyage. Elle accepte un emploi dans un centre d’appel d’urgence, Triple Zéro. Chaque jour, elle entend le chagrin, la détresse, la violence d’un monde qui lui échappe. L’impact sur elle ne se fait pas attendre. Son corps et son esprit se déchaînent. Dommage collatéral d’un continent dévasté.
« L’esprit ne déforme pas nécessairement la réalité, mais la mémoire est moins fiable qu’avant. Car plus on se rappelle un évènement stressant, moins il est précis et plus le cerveau tend à percer des trous dans le récit dont nous nous sommes convaincus qu’il pouvait figer la glace fondante de nos souvenirs. »
Une couverture et quatre chapitres (Chaleur, Inondation, Secousse, Incendie) qui donnent le ton : l’urgence climatique. Le message est clair, la Terre va mal et nos jeunes aussi. Madeleine Watts parvient à lier la santé mentale d’une jeune femme s’interrogeant sur sa condition de vie dans un état où l’urgence est omniprésente. La tension est palpable, puissante. J’avais cette boule au ventre d’une douleur présente au quotidien. Comment sortir de cet engrenage destructeur ? Y a-t-il une issue favorable ? Le texte bouscule, interroge. L’autrice a posé ses tripes sur ces pages dans l’objectif de frapper fort. C’est réussi.
« L’avenir arrive et ça n’a pas l’air terrible. »