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9 janvier 2020

Entretien avec Simon de la librairie M'Lire (Laval)

Réalisé et publié dans le magazine Bloggers' de décembre 2018.

 

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Héliéna Gas est partie à la rencontre de Simon, le super-libraire jeunesse de la Librairie M’Lire à Laval (53). Il est à l’origine de « Onlikoinou », une chaîne Youtube qui connaît une petite renommée où il parle de ses lectures. Décomplexées et drôles, ses vidéos plaisent et amusent. Bien décidée à en apprendre un peu plus sur ce libraire 2.0, notre chroniqueuse-aventurière s’est glissée entre les rayonnages pour nous dénicher cette interview.

 

-> Peux-tu nous présenter la librairie M’Lire ?

     La librairie a été créée en 1998 à Laval, une petite ville de 50 000 habitants (en Mayenne). On a la particularité d’être multi-spécialistes, c’est-à-dire que dans chaque rayon on a une personnalité assez forte qui le porte et qui travaille comme un libraire spécialisé indépendant. C’est une particularité que l’on voit assez peu. Les petites librairies ne se spécialisent que dans un domaine et les grandes sont davantage généralistes. C’est un choix.

 

-> Onlikoinou : comment t’es venue cette idée ?

     Cela faisait longtemps que je cherchais un moyen de parler de littérature de manière générale et de façon décomplexée. Le côté livre « sacré » que l’on met sur une étagère, ce n’est pas trop mon truc. Quand j’ai créé « Onlikoinou » les premières vidéos arrivaient, les blogueurs aussi et je me suis dit qu’en tant que libraire, je pouvais apporter ma pierre à l’édifice. Cela s’est fait de manière un peu folle en vacances en Inde, je lisais un gros pavé Shantaram  de Grégory David Roberts et ma femme a pris la caméra et a commencé à m’interroger « qu’est-ce que tu lis Simon ? ». J’ai commencé à faire un délire complètement improvisé. C’est quelque chose que j’ai gardé d’ailleurs : l’improvisation. Suite à cette vidéo, je l’ai postée, c’était rigolo et depuis je continue à faire des vidéos décalées. Il n’y a pas d’ambition, juste mes coups de cœur. Pas de ligne directrice non plus, tout est possible !

 

-> As-tu des retours des clients sur tes vidéos ?

     J’ai l’impression qu’elles sont davantage regardées par le milieu du livre, j’ai pas mal de retour des auteurs, éditeurs. Mais il y a aussi quelques clients qui suivent les vidéos. Quand j’en fais une nouvelle j’ai toujours une petite remarque. Notamment la dernière où je parlais de Princesse Kevin de Mickaël Escoffier, un album hyper drôle où un petit garçon veut absolument se déguiser en princesse. Je m’étais habillé en robe, alors forcément il y a deux, trois personnes qui sont venues me demander de venir dans leur bibliothèque en robe. C’est plutôt rigolo, des clins d’œil assez marrants. Cela reste assez confidentiel, il n’y a pas le même nombre de vues que l’on peut voir chez les blogueurs, il n’y a pas cette communauté liée à l’âge et je ne la recherche pas.

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-> Organises-tu d’autres événements / animations ?

     Comme la librairie n’est pas très grande nous faisons principalement des dédicaces et des expositions. Je fais aussi des lectures mais je les extériorise comme au théâtre, une fois par mois, pour lire cinq nouveautés en album. Je participe à un prix pour les 8-12 ans mais je fais uniquement la sélection. J’ai aussi créé le prix « T’aimes Lire » il y a 4 ans, pour ados, avec 40 établissements scolaires. Je sélectionne 8 romans francophones de l’année précédente, et les collégiens et lycéens ont toute l’année pour les lire. Par la suite, ils élisent celui qu’ils aiment le plus. C’est vraiment la notion de plaisir qui m’importe, ils ne sont pas obligés de lire la sélection complète. À la fin on fait un grand événement au théâtre avec les ados et quelques auteurs. Avec ce prix on a voulu donner une dimension plus humaine aux prix nationaux pour la jeunesse qui existaient déjà, et que les enseignants trouvaient parfois trop froids, manquant de contacts directs avec les auteurs. Je me déplace beaucoup dans les collèges et lycées, ce qui me permet de faire du lien avec les ados, enseignants et documentalistes. C’est un prix qui vit tout au long de l’année avec des rencontres et dédicaces dans les établissements. Cette année, il y a une pièce de théâtre qui va être montée avec Libérez l’ours en vous de Carole Trébor, une classe va étudier Rage d’Orianne Charpentier et une autre La fourmi rouge d’Émilie Chazerand.

 

-> Et pour prolonger les échanges quel est ton salon littéraire, celui où tu aimes être présent ?

     Pour voir les copains le meilleur c’est Montreuil, c’est là où il y a le plus d’auteurs en peu de temps. Les deux gros salons auxquels on participe sont le Salon du livre jeunesse de Fougères avec une quarantaine d’auteurs où j’y ai rencontré pour la première fois Carole Trébor, Florence Hinckel, et Guillaume Nail ; et Étonnants voyageurs à Saint-Malo, parce qu’il fait beau, que c’est le début de l’été... un bon salon même si la partie jeunesse est plus restreinte.

 

-> Tu disais que tu partageais tes coups de cœur sur ta chaîne, quels sont ceux de 2018 ?

     Cœur battant d’Axl Cendres. J’adore son écriture depuis ses premiers textes. Le dernier est l’évolution de son écriture, on sent qu’elle s’est apaisée dans les thématiques qu’elle utilise. Elle prend des thèmes hyper fragiles et graves et en fait un truc beau, on le voyait déjà dans Dysfonctionnelle et La drôle de vie de Bibow BradleyMilly Vodović de Nastasia Rugani c’est un ovni, inracontable. L’histoire n’est pas le plus important mais la langue est forte. Elle nous emmène dans une histoire glauque de vie et d’un coup on passe au fantastique, avec des personnages étonnants.

 

-> Et LA sortie que tu attends en 2019 ?

     Le deuxième tome de Héros de Benoît Minville. Un auteur bluffant capable de nous amener à pleurer sur Les belles vies et là de nous faire un roman d’adolescence à la Lovecraft mélangé à du Stephen King. Je l’attends avec une grande impatience car il nous a laissé cois ! Je ne suis pas du tout familier de cet univers fantastique et comics et pourtant à chaque fois, il est capable sur un polar ou un récit de vie de nous emmener. Il est fort.

 

-> Continuons dans la lignée des coups de cœur : tes auteurs chouchous ?

     J’ai déjà parlé de Benoît Minville, Axl Cendres... Anne-Laure Bondoux me marque depuis le début. Quand j’ai découvert son écriture avec Les larmes de l’assassin, mon premier livre ado, première claque, une grande écriture. Jean-Claude Mourlevat avec Le combat d’hiver. Alexandre Chardin, auteur pour les 10-12 ans, qui vient de sortir La fosse au loup chez Thierry Magnier, il monte en puissance à chacun de ses bouquins. Il y a aussi Clémentine Beauvais qui me surprend à chaque fois…

 

-> Un message à faire passer ?

     La littérature ado a vraiment évolué de deux façons. Ultra commerciale parce que les éditeurs et autres se sont rendus compte que c’était un terroir à scénario de films. Et à coté elle gagne en qualité. Moi ce qui m’intéresse c’est la deuxième. C’est une littérature qui a gagné en maturité. Les auteurs français sont vraiment très chouettes. Nous pouvons être confiants sur l’avenir de la littérature ado.

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Références des livres cités :

Shantaram- Grégory David Roberts (Flammarion)

Princesse Kevin- Mickaël Escoffier (Glénat jeunesse)

Libérez l’ours en vous- Carole Trébor (Syros)

Rage- Orianne Charpentier (Gallimard jeunesse)

La fourmi rouge- Émilie Chazerand (Sarbacane)

Cœur battant, Dysfonctionnelle, La drôle de vie de Bibow Bradley- Axl Cendres (Sarbacane)

Milly Vodović- Nastasia Rugani (Memo)

Héros- Benoît Minville (Sarbacane)

Les larmes de l’assassin- Anne-Laure Bondoux (Bayard)

Le combat d’hiver- Jean-Claude Mourlevat (Gallimard jeunesse)

La fosse au loup- Alexandre Chardin (Thierry Magnier)

 

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