Écouter les sirènes- Fabrice Melquiot
Actes Sud, août 2024, 290 pages
« -Je ne veux rien savoir. P’pa. Je crois que je ne veux rien savoir. C’est mieux. Je ne cours pas le risque, moi. C’est un risque, je sens que c’est un risque. On s’aime toute une vie et le dernier jour, tu dis un truc, tu vois un truc, tu fais un truc qui fout tout par terre, un truc qui fait que toutes les portes se referment d’un coup. Les souvenirs sont balayés. Et toutes les fenêtres s’éteignent, l’une après l’autre. »
John, au seuil de la mort, se confesse à sa fille Jodie. À 36 ans, cette femme à la vie hésitante, découvre une autre version de son passé. Plaquant tout, seule, la voilà s’embarquant dans un road-trip lui permettant de recouvrer ses origines.
« Les autres. L’ombre des autres pèse sur nos vies : grand parasol encombrant, blister noir sur nos chansons favorites et nos élans, suaire sombre, à densité variable. L’ombre des autres recouvre nos gestes et oriente nos pensées. Elle nous lèche les cuisses comme une chienne en chaleur, nous mord la nuque et plante une paille dedans. Elle nous vampirise, nous suce la moelle, ne nous laisse jamais tranquille. »
Une traversée de l’Amérique bercée par un certain Léonard Cohen. Des années 1960 à aujourd’hui, il n’est pas question de s’ennuyer. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre Jodie dans sa prise de conscience de relation aux autres. Un premier roman au rythme fou. Sensible et émouvant.