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7 octobre 2022

Missié- Christophe Léon, Barroux

D’Eux, avril 2022, 84 pages

 

George Junius Stinney Jr. est le coupable idéal aux yeux des jurés. À seulement 14 ans, ce jeune noir est condamné à mort en seulement dix minutes de délibération. Il est exécuté le 16 juin 1944 à Columbia, Caroline du Sud.

« Les 58 jours suivant mon jugement, je les ai passés à la prison du comté. J’étais le plus jeune condamné à mort de l’État du Tennessee. Mais pas seulement. J’étais aussi le plus jeune des États-Unis d’Amérique, Missié. Plusieurs fois, j’ai demandé à voir mes parents. Permission refusée. On m’a attribué un numéro d’écrou. On ne m’appelait plus que par ce numéro. La désincarnation avait franchi un nouveau stade. Je n’étais même plus un animal ou un objet, mais un numéro ! Le 201547. Certainement, fallait-il faire de moi un matricule sur un bout de papier, dans un dossier, dans la mémoire carcérale pour pouvoir, sans sentir une once de culpabilité, me mettre à mort. »

 

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Dans ce court roman, l’auteur Christophe Léon, donne la parole au jeune garçon via le personnage de Martin Julius Crow Jr. Celui-ci se raconte à un homme, blanc, Missié. Une vie éprouvante d’homme de couleur.

« Ah ! Et puis ne te fâche pas si je t’appelle Missié, Missié. Ça sonne plutôt doux aux oreilles, ne trouves-tu pas ? À moi, on me disait Négro. Mais Négro, c’était déjà trop humain pour certains. Cette humanité qui nous était interdite. Alors, le Négro, il fallait le réduire. Le faire disparaître. Lui enlever sa dignité d’homme. En commençant par ce qui le représentait aux yeux du monde. Son corps. »

Une lecture qui m’a glacé le sang. Cette histoire vraie, je n’en connaissais absolument rien. Après quelques recherches, j’avais la nausée. Comment peut-on juger un enfant, de couleur, sans aucune preuve ? Hélas, l’actualité mondiale d'aujourd’hui, nous laisse encore penser que l’injustice raciale est toujours présente. Est-ce qu’un jour cela s’arrêtera ?

Le texte de Christophe Léon accompagné des illustrations de Barroux frappe fort. Les faits sont là, violents, indigestes mais l’écriture, d’une grande profondeur, lui offre une lumière très émouvante.

Missié, pour éveiller les consciences !

 

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