Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 juillet 2022

Anse rouge- Sandrine Caillis

Éditions Thierry Magnier, mars 2022, 168 pages

 

« J’avais pensé naïvement que le vent de l’île chasserait mes nuages et mes orages, qu’un retour sur le territoire empoisonné enclencherait une décontamination à effet immédiat. Pensées magiques. Je sais maintenant qu’il va me falloir parcourir avec constance le chemin de tous ces étés, sans prendre de raccourci. Éplucher les peaux une à une, les larmes aux yeux ça va de soi, jusqu’à atteindre le cœur. »

Marie étouffe, suffoque d’un passé trop douloureux. Aujourd’hui, à 21 ans, elle retourne à Noirmoutier, là où tout a basculé. Sur la plage d’Anse rouge, les souvenirs de son enfance refont surface. 4 étés. Un frère et une sœur. Un piège inévitable pour elle.

« La mémoire est une fabrique à récit hagiographique, une usine à réinterprétation à la gloire des uns et des autres et surtout de soi-même. Alors certaines sont forcément bricolées, repeintes ou réparées pour faire plus joli ou moins douloureuses. Mais parfois, il arrive qu’on se souvienne d’une scène très exactement comme elle s’est déroulée, qui repasse en boucle sur la toile de nos pensées, comme un jingle. »

 

rr

 

Anse rouge est un récit sur la prise de conscience. Il m’a bouleversé. Cette gamine sous l’emprise de ses bourreaux prend aux tripes et donne envie de hurler. Comment peut-on, aussi jeune, avoir une emprise aussi destructrice sur autrui ? Quel en est le but ? Cela m’interroge profondément. Comment avoir envie de manipuler et dominer ? Je n’ai pas réponses et l’autrice non plus. Les rapports humains sont bien trop complexes.

Anse rouge est, malgré ce sujet si lourd, un texte lumineux qui laisse entrevoir la lumière pour Marie, la fin d’un règne et l’acceptation de soi. C’est surtout ça qu’il faut retenir.

Sandrine Caillis a ce don, comme dans son premier roman Les ombres que nous sommes, de nous retranscrire les émotions d’adolescents au plus juste. Un texte puissant, à partager sans hésiter.

 

Commentaires