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7 février 2022

La familia grande- Camille Kouchner

Seuil, janvier 2021, 204 pages

 

« La culpabilité est comme un serpent. On s’attend à ce qu’elle se déploie en réaction à certains stimuli mais on ne sait pas toujours quand elle viendra vous paralyser. Elle fait son chemin, trace ses voies. La culpabilité s’est immiscée en moi comme un poison et a bientôt envahi tout l’espace de mon cerveau et de mon cœur. La culpabilité se déplace d’objet en objet. Elle se greffe plusieurs visages et vous fait regretter tout et n’importe quoi. Ma culpabilité a plusieurs âges. Elle fête tous ses anniversaires en même temps que moi. Ma culpabilité est ma jumelle. Une nouvelle gémellité.

Et d’abord, la culpabilité noie la mémoire. Elle efface les dates pour laisser sa proie dans le noir. Ni Victor ni moi ne pouvons dire avec certitude l’âge que nous avions à ce moment-là. 14 ans, je crois »

 

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Après 30 ans de silence, Camille Kouchner décide de briser ce mal qui la ronge. Un secret parfaitement gardé : les abus subis par son frère jumeau et émanant de son beau-père. Il en fallait du courage pour enfin parler du plus douloureux, pour trahir la promesse du secret faite à son frère.

Camille Kouchner remonte le fil d’une histoire familiale assez particulière. Les adultes vivent pour eux, de fête et d’excès en tout genre quand les enfants sont livrés à eux-mêmes faisant ainsi bonnes figures sur les photos. Ne pas faire de vague. L’image plus importante que le reste, que la vie et l’amour pour ses enfants.

C’est un livre sur les non-dits. De l’emprise des adultes sur les enfants. De la manipulation mentale du plus faible. De  la culpabilité qui vous bouffe jusqu’aux entrailles. Et de la libération, celle de la parole qui sauve, peut-être.

Un récit d’une force remarquable, qui bouscule dès les premiers mots sans jamais en faire de trop. Le style m’a pris en otage, mal au bide, envie d’arrêter ma lecture mais impossible. Je suis allée au bout, d’une traite, peut-être inconsciemment pour ne pas y revenir et être de nouveau bouleversée. Il est révoltant, c’est vrai, mais il touchera forcément les bonnes personnes, j’ai envie d’y croire.

 

« Ma culpabilité est celle du consentement. Je suis coupable de ne pas avoir empêché mon beau-père, de ne pas avoir compris que l’inceste est interdit. »

 

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