Le Livre que je ne voulais pas écrire- Erwan Larher
Quidam éditeur, parution août 2017, 260 pages
Le Livre que je ne voulais pas écrire porte bien son nom. En effet, Erwan Larher ne voulait pas en parler. De sa présence au Bataclan ce 13 novembre 2015, de la balle de Kalachnikov qu’il s’est pris en pleine fesse, de son hospitalisation et de l’après. Dans un premier temps, il refuse toute interview, ne voulant pas témoigner de l’horreur qu’il a vécue dans cette salle de concert. Et puis, poussé par son entourage il se décide à écrire non pas un roman ou un témoignage, il veut en faire un objet littéraire. Pour cela, il convie quatorze de ses proches à écrire ‘leur 13 novembre’. Parmi eux, Jérôme Attal, Sigolène Vinson (survivante de Charlie Hebdo), Alice Zeniter et Loulou Robert. « Point positif, te dis-tu quand tu désespères, écrire autour du Bataclan t’oblige à sortir de tes ornières littéraires. Pour t’extraire de toi, désorienter tes questions, leurrer tes doutes, tu as demandé à d’autres de te donner un texte. Quelques très proches et moins proches. Regards extérieurs. Points de vue autres que le tien. Beaucoup ont accepté. »
Il m’est difficile de mettre des mots sur ma lecture. Enceinte de mon premier enfant au moment des attentats, j’ai vidé toutes les larmes de mon corps durant cette nuit d’épouvante, m’interrogeant sur l’avenir que je donnais à ma fille. Cette insécurité dans des lieux où la joie de vivre et la fête régnaient me semblait irréelle et insupportable à voir. Mais voilà, j’ai acheté le livre d’Erwan à sa sortie en août 2017, j’en avais besoin, pourquoi je ne saurais l’expliquer. Il est resté sur mon étagère jusqu’à maintenant. Un déclic, celui que j’attendais !
Le Livre que je ne voulais pas écrire est bouleversant de sincérité, sans jamais être inconvenant, blessant, vicieux. C’est l’histoire d’un homme qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ! Erwan Larher parvient à écrire sur un sujet grave sans juger ni condamner abusivement, sans inciter à la colère et la haine. Au contraire il pointe son récit d’humour, nous faisant sourire. Il ne se considère pas comme un héros, pour lui ce sont les secouristes, les soignants, il leur rend ainsi un bel hommage. « Il faut plus de personnel soignant, les payer plus, se soucier de leur bien-être professionnel. Taxez la spéculation, capez les hauts salaires, démerdez-vous –démerdons-nous- mais n’abandonnez pas la santé publique. »
Erwan Larher, merci pour votre texte, si émouvant, si juste, si humble qui me tourne encore vers un avenir meilleur, j’y crois !
« La littérature n’arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari. »