Ce que tient ta main droite t’appartient- Pascal Manoukian
Don Quichotte, parution janvier 2017, 286 pages
Comme il est difficile d’écrire sur ce bouquin tellement il m’a chamboulé !
Karim, jeune musulman non pratiquant vit avec Charlotte, ils vont avoir un bébé. Aucun des deux n’est proche de sa religion respective, laissant cela à leurs ainés ils s’en éloignent. Charlotte voulant fêter sa grossesse avec ses amies se rend au restaurant le Zébu Blanc, elle est hélas touchée mortellement lors d’un attentat. Karim est à ce moment-là avec l’iman de la mosquée. Il apprend que le tueur de sa femme est un ancien copain de CM2, Aurélien, converti. Karim décide alors de pénétrer dans les profondeurs de cette organisation terroriste.
Pascal Manoukian est un ancien reporter de guerre donc autant dire qu’il maîtrise son sujet à la perfection. Hélas sujet d’actualité.
On s’attache à Karim, on a peur pour lui et puis on espère. À travers ses yeux on découvre l’univers des terroristes et la violence qu’ils vouent envers les autres, le lavage de cerveau qu’ils imposent aux nouveaux arrivants, leur façon de penser si différente mais pourquoi ??
« Dieu est un pitbull, il ne lâche jamais. Il vous traque avec l’acharnement d’un vigile de supermarché. Ses commandements vous poursuivent comme des caméras de surveillance, elles vous rattrapent n’importe où, n’importe quand. C’est brutal, soudain. »
« Comme des lions, ils l’isolaient de son troupeau et l’épuisaient en tournoyant autour de lui, à cinq contre un. »
« Daech fait aussi la chasse aux livres, l’autre poison mortel. L’imagination est une arme dangereuse, la littérature, c’est la liberté d’inventer d’autres mondes, or il n’en existe qu’un seul comme il n’existe qu’un seul livre, celui de Dieu. »
On se rend compte que la Syrie est remplie de groupuscules islamistes qui se multiplient vite, très vite ! Ils fonctionnent ensemble avec un même objectif : tuer !
« La longue liste de leurs noms fait penser à un catalogue de série B : la Brigade de l’unicité, le Front des hommes libres de Syrie, la Conquête d’Alep, les Faucons syriens, les Partisans de la Charia, les Petits-Fils du Prophète, les Hommes libres du Levant, la Brigade de la justice, le Front pour la victoire des gens du Shâm et, bien sûr, l’État islamique en Irak et au Levant. »
L’embrigadement concerne aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les plus âgés, peu importe la catégorie socio-professionnelle. Tout le monde peut être concerné il n’y a pas de règles définies.
« Dans le campement, on dirait l’Eurovision, ça parle dans toutes les langues. »
« En un vol low cost, ils sont passés de leur cage d’escalier aux ruines fumantes d’Alep, de chômeurs à tueurs. Ils arborent une kalachnikov comme d’autres la cravate. C’est leur tenue de travail. »
Nous sommes plongés dans cet univers grâce à Pascal Manoukian. Un récit qui fait froid dans le dos, qui m’a rendue triste mais confiante envers un meilleur avenir, parce que j’en ai eu besoin en refermant ce livre si sombre.