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27 novembre 2017

Il n’y a pas internet au paradis- Gaëlle Pingault

Éditions du jasmin, parution août 2017, 221 pages

 

     Aujourd’hui, Aliénor est la veuve d’un suicidé. Son mari, Alex, s’est immolé sur son lieu de travail. Cadre dans une grande entreprise, il ne supportait plus la pression imposée par son détestable supérieur Boucher. À partir de ce moment Aliénor entre dans un monologue afin de comprendre et de s’expliquer à elle-même le passage à l’acte de son défunt mari. « Être la veuve d’un suicidé est un truc indémerdable. Entre la colère et la pitié, quelle place reste-t-il pour la peine, la vraie ? Comment fait-on un deuil quand on plaint son disparu autant qu’on lui en veut ? » Partant de ce fait, Aliénor revient sur l’histoire de son couple. Leur coup de foudre, leur réussite mutuelle, leur mariage et puis tous ces petits projets en devenir : bébé, achat de maison de campagne, voyage… Mais un maillon de la chaîne si parfaite craque. Alex perd ses repères lorsque Boucher, dont la réputation d’odieux personnage est déjà démontrée, est nommé chef de son service. Aliénor essaie au fil du récit de vivre sans, de faire avec, de subir, de compenser. Mais est-ce vraiment si simple ? « Moi, je veux que tu reviennes. Ou alors que rien ne soit arrivé. Je veux que tu sois là. Je veux, je veux, je veux. Je suis un enfant têtu qui tape du pied. Je fais un caprice. Je me roule par terre. J’ai mal. Je crie. Je suis un enfant perdu qui veut juste qu’on le berce pour l’apaiser. Je voudrais me rouler en boule. Dormir. Oublier. Ne pas ressentir. J’ai mal. Ça brûle. Ça hurle en dedans. Ça déchire. Ça broie. Il faudrait vomir. Vomir tout ça. »

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     Quoi de mieux pour un premier roman que de traiter d’un sujet sensible : le harcèlement au travail, trop souvent banalisé dans certaines grosses boîtes ! Gaëlle Pingault utilise un langage familier, direct ce qui m’a donné l’impression d’écouter les confidences et les souffrances d’une amie. Elle parvient à nous interpeller et à nous questionner sur ces méthodes de management plus que douteuses. « À quel moment précis commence le harcèlement, à quelle minute exacte se met en place la machine qui massacrera graduellement mais implacablement tous ceux qui se trouveront sur son chemin ? » Elle aborde aussi avec une grande sensibilité le deuil. Cette absence toujours présente à laquelle il faut s’habituer, cette place vide à combler, et cette culpabilité qu’il faut affronter. Nous suivons le cheminement d’Aliénor dans sa reconstruction, seule. Un roman très touchant, l’Homme doit être fort !

 

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