Le parfum des cendres- Marie Mangez
Finitude, août 2021, 237 pages
« Ici un fragment de citronnelle, un effluve de camomille, de la cardamome, une pincée de badiane. Là du muguet, de la coriandre ou du bois de rose, des notes de sauge ou de lavande, acajou et églantine, ou encore cuir de chèvre et pain grillé, plastique neuf et mousse de chêne, parfois framboise et terreau frais. »
Sylvain, thanatopracteur, appréhende une personnalité grâce à son don, il hume les parfums des corps. Les senteurs sont variées : florales, puissantes, sensuelles, enivrantes, gourmandes. Que ce soit les vivants ou que ce soit les morts, Sylvain sent tout ce qui lui passe sous le nez. Quand Alice s’intéresse à la profession de l’homme, elle trouve sa façon de faire très particulière. En bousculant le quotidien de Sylvain, elle comprend que celui-ci cache quelque chose. La rencontre des deux est une explosion de fragrances.
« Depuis lors, son nez errait dans le vide atmosphérique, pauvre appendice isolé et stérile, privé de connexion avec son cerveau dont il constituait jadis, tout à la fois, la proue, la boussole et le radar ; et dans ce cerveau amputé de son radar, dans cette prison mentale flottaient, elles aussi condamnées à perpétuité, toutes les odeurs emmagasinées au cours des vingt-deux ans de sa présence au monde. »
Quelle surprise ! Le parfum des cendres est le style de roman que j’affectionne beaucoup. En effet, tous les sens sont en éveil pendant la lecture, impossible d’être insensible. Marie Mangez m’a immergé dans un lieu qui n’est pas des plus joyeux, je vous l’accorde, mais avec ses descriptions olfactives elle le rend tellement vivant et beau à lire que les pages défilent. Alice si pétillante. Sylvain si morne. Les deux forment un duo qui fonctionne vraiment bien.
Un premier roman sensoriel qui ne pouvait que m’attirer à lui. Ce rapport aux corps, aux morts se mêlant à nos sens, il ne pouvait en être autrement en étant soignante. Observer, sentir, toucher et se raconter leurs histoires.