Revenir fils- Christophe Perruchas
Le Rouergue, août 2021, 279 pages
1987. Il a quinze ans, vit sa vie d’ado quand survient le drame. La 504 du père emboutit un arbre. À cet instant, c’est toute une famille qui bascule dans l’horreur.
2007. 20 ans ont passé et la folie s’est emparée de la mère, contraignant ce fils à Revenir fils. Mais peut-il se confronter à celle qui l’a « orpheliné » il y a tant d’années ?
Une alternance d’époque. Celle d’une enfance brisée par un deuil. Une mère errant comme une âme en peine. Un fils orphelin vivant dans l’ombre de ses morts. Et puis, maintenant, ce fils devenu homme, mari, devant revenir vivre au milieu de la maladie de sa mère. Un fossé les sépare et pour ce fils il est temps de se libérer d’un passé trop lourd à porter.
« Elle fouille, déménage, range, ordonne, façon de parler, sa maison est son projet, son chantier, perpétuellement retardé, une grotte qui la protège mais qui l’ensevelit, un labyrinthe qui la perd mais qui la structure. »
Deux époques + deux narrations = une montée en puissance.
Les sentiments explosent au fil des pages. Certains diront que c’est beau. L’amour que l’on donne à une mère qui malgré sa folie reste celle qui met au monde et donc mérite toute attention. D’autres, diront que donner de l’importance à celle qui a abandonné son fils n’est pas concevable. Et c’est là que le bât blesse !
Revenir fils aborde l’amour, la famille, le deuil, la maladie. Difficile de rester insensible à ce texte. Il m’a bousculée, tiré quelques larmes par moment. Les mots de Christophe Perruchas débordent de sensibilité et d’amour. Ce fils qui donne tout ce qu’il a pour enfin aimer cette mère. Ce fils qui comprend et accepte la folie. Ce fils qui remonte la pente d’un passé douloureux. Ce fils qui maladroitement veut juste être à sa place. En clair, ça frappe fort et je n'en suis pas sortie indemne!
« L’espace où vit ma mère n’est constitué que de minutes arrêtées, d’époques qu’elle a traversées autant qu’elles l’ont traversée. Ma mère immobile au centre de son univers, dans son big-bang à l’envers, les murs toujours plus proches, toujours moins de place où circuler. Son univers est en contraction, il s’effondre sur lui-même. Il arrivera un moment où il l’engloutira. Fatalement. Quand elle ne pourra plus accumuler, et plus encore, quand elle ne pourra plus bouger, enkystée dans son sarcophage. »