Songe à la douceur- Clémentine Beauvais
Sarbacane, parution août 2016, 239 pages
Petit bijou de poésie ♡
Waouhh magnifique couverture mais à l’ouverture du livre petite grimace, vais-je réussir cette lecture en vers ? Et bien oui, je me suis laissée porter par cette mise en page et l’écriture de Clémentine Beauvais. Dès le début je suis entraînée, aspirée par cette histoire qui est une réinterprétation du roman ‘Eugène Onéguine’ d’Alexandre Pouchkine.
2006, banlieue parisienne. La sœur de Tatiana, Olga, sort avec Lensky qui est le meilleur ami d’Eugène. Ils passent plusieurs après-midis ensemble cet été là, et pendant qu’Olga et Lensky fricottent à l’étage, Tatiana et Eugène font connaissance dans le jardin. Celle-ci tombe rapidement sous le charme d’Eugène, cet ado pas comme les autres. Il la rejette, l’amour ne l’intéresse pas. À l’anniversaire de Tatiana, il débarque avec l’intention d’être des plus désagréables, allant même jusqu’à embrasser Olga devant les invités. S’ensuit un drame qui les sépare durant 10 ans. Jusqu’à cette rencontre en 2016 dans le métro parisien. Lui se rend à un enterrement. Elle va à la bibliothèque pour affiner sa thèse sur Caillebotte.
« Ils commencent doucement à se connaître. Au début ils sont maladroits comme des feuilles, Tatiana friable, Eugène fanfaron, ils se bousculent dans leurs conversations, ils n’arrivent pas,… »
Le roman se façonne autour de flash-back sur l’adolescence d’Eugène et Tatiana. Moi qui aime la description des sentiments j’ai été servie.
«… un orgueil c’est rouge, ça brille comme une orange sanguine : ça se cueille à vif, ça exige d’être pelé, pulpé et éclaté une fois que c’est mûr,… »
Clémentine Beauvais manie sa plume à merveille pour nous conter une histoire d’amour d’ados et d’adultes mais vécue différemment avec l’évolution des sentiments et la maturité de chacun.
« C’est étonnant, ces amours qui donnent des contours à nos attentes molles, des couleurs intenses à nos décors, qui nous font brusquement vivre en haute résolution, et nous convainquent que le reste du monde est tristement aveugle. »
« Il gonfla la poitrine, et s’efforça de siffloter, histoire de se faire croire que ce tronc d’air qui soutenait encore sa vie béante n’était pas vide, mais plein d’une musique en attente. »
Clémentine Beauvais rend cette histoire magique, on s’attache aux personnages au fil de ces 10 années. La poésie de l’écriture fait qu’on l’apprécie encore plus, elle nous berce au fil des pages. Un livre qu’on a envie de mettre entre toutes les mains, partager sa douceur et son amour.
Je vous laisse admirer la mise en page.