Une enfance française- Farida Khelfa
Albin Michel, janvier 2024, 250 pages
« À ces souvenirs, des larmes ruissellent, la joie va de pair avec le malheur. Le bonheur n’existe pas s’il n’est pas précédé d’un grand désespoir, c’est le glissement de l’un à l’autre qui crée la mélancolie. »
Les souvenirs d’enfance de Farida Khelfa (que je ne connaissais pas) refont surface au décès de sa mère. Elle qui a connu la violence, l’amour, la haine, les coups et la drogue se livre dans une sensible autobiographie. Pour elle, il n’y a pas de bons ou de mauvais souvenirs. Farida Khelfa raconte comment elle a puisé dans la force de ses blessures afin de devenir la femme qu’elle est aujourd’hui.
« Les liens qui nous unissent à notre enfance sont si profonds, il est si difficile de s’en défaire, qu’il faut parfois risquer sa vie à se couper des siens. »
Une lecture en demi-teinte pour le premier livre de Farida Khelfa, grande figure de la mode, réalisatrice et productrice. La boîte de Pandore s’ouvre dès le début et ne se referme jamais. L’histoire est rude, les mots sont crus. Je regrette le manque de chronologie dans les faits. Sautant du coq à l’âne, il m’a fallu parfois faire les liens à rebours, ce qui m’a gênée pour accrocher à l’histoire de cette femme. La langue est belle, poétique, pleine de fureur donnant une lecture fluide.
« Je suis issue d’un monde de taiseux où la violence sous-jacente explose quand les mots de bousculent. Mes mots n’étaient pas en accord avec ma pensée, ni ma pensée avec mes actions. Il me fallait tout apprendre. Et la façon la plus rapide pour cela était l’héroïne. Les drogues sont le pouvoir de vous désinhiber, de vous rendre plus beau, plus intelligent. »