Kaddour- Rachida Brakni
Stock, mars 2024, 197 pages
Kaddour est ce père tant aimé par sa fille Rachida. Du décès de l’homme à six jours plus tard, Rachida Brakni convoque ses souvenirs et raconte la difficulté d’enterrer les siens en pleine pandémie.
« Ce soir, il y a encore du monde. Beaucoup trop à mon goût. Toujours les mêmes gestes, les mêmes verres qui manquent, les mêmes têtes –celles qu’on est content de revoir et celles dont on se passerait bien-, les mêmes odeurs d’épices et de viande qui mijotent, les mêmes enfants qui jouent, indifférents à ta mort, je voudrais les jeter un par un par la fenêtre. Les mêmes phrases, les mêmes formules répétées inlassablement, et puis manger, manger encore et toujours pour remplir le vide que tu laisses dans nos entrailles. »
Rachida Brakni rend un bel hommage à ce père aimant laissant un vide énorme autour de lui. Kaddour, père algérien, au corps meurtri par la vie, ne souhaitant qu’une chose : retourner en Algérie. J’ai ressenti très rapidement le lien unique et fort qui unissait la fille à son père. En lui transmettant ses valeurs, l’homme a fait d’elle cette femme remarquable d’aujourd’hui. Rachida Brakni met également en lumière ces hommes ni algérien ni français, le cœur entre 2, déracinés, ouvriers et oubliés de la société. Une belle reconnaissance pour ces invisibles qui ont tout perdu et tout donné pour un meilleur avenir.
Je note tout de même une impression de déjà vu, déjà lu en refermant ce récit autobiographique de Rachida Brakni. Je pense notamment à Grand Seigneur de Nina Bouraoui et à Une enfance française de Farida Khelfa .Ces 3 textes ont en commun la perte d’un proche, le déracinement, l’Algérie et j’en passe. C’est vraiment regrettable que ces 3 textes soient dans la sélection du Grand Prix des Lectrices Elle. Non pas que la qualité leur fasse défaut, mais leur histoire se rapproche tellement que cela me fait un peu passer à côté du contenu de chacun.