Chouette- Claire Oshetsky
Éditions Phébus, août 2022, 277 pages
On dit souvent qu’un lien unit une mère et son enfant, et ce bien avant la naissance. Comment ne pas y croire lorsque celle-ci perçoit et ressent des choses. Impossible à expliquer tant que l’on ne l’a pas vécu.
Pour Tiny, il est certain que son enfant à venir est différent mais peu importe elle l’aime déjà de tout son être. Chouette, tel est son prénom, singulier, pour ce bébé rapace naissant.
« C’est donc ça, la maternité. Je réfléchis. Je réfléchis aux devoirs solitaires, cruels et incessants de la maternité. Je réfléchis aux prodiges tendres, doux et asservissants de la maternité. Je réfléchis au mystère de ton être, petite inconnue, et à la personne que tu vas devenir. »
« Je suis ta mère. »
Chouette n’est pas très jolie, elle effraie, ainsi rejetée de tous. N’entrant dans aucune case de la société, elle n’y a donc pas sa place. Tiny se bat contre les siens, tentant de faire accepter sa progéniture, quitte à se perdre elle-même en cours de route.
« - Je parle de notre petite fille. J’essaie de te dire qu’elle est déjà parfaite. C’est un être parfait. Il n’est pas nécessaire qu’elle change pour que tu l’aimes. Il faut simplement que tu restes immobile assez longtemps pour la voir. J’aimerais que tu la voies comme moi. »
Le roman ne rentre, tout comme son sujet, dans aucun genre. Un mélange d’autobiographie, de conte et de fantaisie pouvant être déstabilisant par moment. L’écriture métaphorique de Claire Oshetsky touche aux fondamentaux de la maternité et du handicap. Chouette est sombre et tendre à la fois, donnant de la matière à réfléchir sur les normes que nous enseignons à nos enfants. Une jolie découverte.