Moon Brothers- Sarah Crossan
Rageot, septembre 2019, 375 pages
Traduit par Clémentine Beauvais
Joe reçoit une lettre l’obligeant à se rendre au Texas. Son frère, qu’il n’a pas vu depuis 10 ans, va y être exécuté. Condamné pour le meurtre d’un policier, ses jours sont dorénavant comptés. Joe a l’espoir. Celui de l’innocence. Il doit surmonter ses craintes pour faire sortir son frère du couloir de la mort.
« Il fait quoi, lui, pour passer le temps ?
Il supporte ça comment ?
Si c’était moi, dans ce couloir,
je passerais des nuits blanches à écouter
les meurtriers ronfler,
à m’imaginer marchant vers la mort,
la longueur de la seringue,
le parfum, la texture des lanières de cuir,
les derniers visages que je verrais,
l’équipe chargée du sale boulot,
et les autres invités sur les gradins. »
Waouu ! Un roman impossible à lâcher. Comment ne pas être sensible à la peine capitale. Nous qui ne connaissons pas ça en France (et heureusement).
Dans le couloir de la mort, nous en apprenons plus sur cette fratrie meurtrie. Le père est mort. La mère a fui. Et la tante essaie d’élever ce petit monde comme elle peut. Le tableau n’est pas joli-joli. D’hier à aujourd’hui, Joe se pose des questions sur lui et ses gênes. Sera-t-il comme eux ? Parviendra-t-il à être quelqu’un ? En tout cas, il n’a pas froid aux yeux et plaque tout pour sauver son frère de la mort. Espère-t-il un renouveau ? Le système judiciaire américain ne fait pas de cadeau et Joe va vite le comprendre. Les citoyens n’ont pas tous les mêmes chances. Il faut à tout prix un coupable, pour l’image. Et si finalement Ed était coupable ? Le doute plane. Sarah Crossan ne dit pas tout. Elle joue avec notre petit cœur dans un roman très réaliste. Les vers libres adoucissent la dureté du fond pour mon plus grand bonheur. C’est incroyable à lire.