Changer l’eau des fleurs- Valérie Perrin
Albin Michel, mars 2018, 555 pages
Babelio m’a proposé le second roman de Valérie Perrin en masse critique privilège. Pour être honnête je ne connaissais pas cette auteure et le titre que je jugeais un peu trop à l’eau de rose ne m’attirait guère. Ô la malheureuse que je suis aurait été bien stupide de le refuser. Une fois lancée dans ma lecture je ne l’ai plus lâchée.
Violette est garde-cimetière, non non ne flippez pas car c’est tout ce qui fait son charme. C’est une femme aimante, généreuse et dévouée. « Je déguste la vie, je la bois à petites gorgées comme du thé au jasmin mélangé à du miel. Et quand arrive le soir, que les grilles de mon cimetière sont fermées et la clé accrochée à ma porte de salle de bains, je suis au paradis. » Nous la suivons dans son quotidien semé d’anecdotes toutes plus folles les unes que les autres, de fous rires avec ses comparses : Nono, Gaston, Elvis … « J’adore rire de la mort, me moquer d’elle. C’est ma façon de l’écraser. Comme ça, elle fait moins son importante. En me jouant d’elle, je laisse la vie prendre le dessus, prendre le pouvoir. » Et puis, peu à peu, au fil des pages elle nous livre ses souvenirs, ses pensées douloureuses, ses chagrins. Un inconnu vient ébrécher ce cocon, qu’elle s’est fabriqué pour une raison bien précise. Celui qui vient à elle souhaite déposer les cendres de sa mère sur la tombe d’un certain Gabriel Prudent. Qui est-il ? De cette rencontre inattendue découle une histoire ou plutôt des histoires mais je ne peux pas tout vous dire, il y en a certaines qui ne s’écoutent pas mais se vivent…
Le roman se déroule principalement dans un cimetière mais n’allez pas croire que cela en plombe le contenu. Bien au contraire, c’est beau et rempli d’espoir. Valérie Perrin donne mille vies à Violette et tout y passe : la naissance, le mariage, le travail, les amis, le décès, l’attente, l’abandon. Elle nous fait passer par une palette d’émotions variée. J’ai détesté Philippe à en grogner, encouragé Violette à m’en user la voix, eu un fou-rire avec Gaston, soutenu Julien par l’épaule… Les personnages ne sont pas épargnés, chacun sa dose d’épreuve. À aucun moment mon attention ne s’est détournée du texte, le travail de construction est bien mené, me rendant accro. C’est un roman touchant et tellement lumineux. Oui j’ai pleuré mais mon sourire en le refermant m’en a fait ressentir le plus grand bien.