Les rêveurs- Isabelle Carré
Grasset, parution janvier 2018, 299 pages
Isabelle Carré, comédienne discrète, se livre dans ce récit autobiographique. Elle, qui ne révèle que très rarement sa vie privée, retire le voile. Ne se souciant guère de la chronologie, elle évoque son enfance, son adolescence et sa vie de femme comme ça lui vient à l’esprit. Isabelle doit grandir dans un environnement instable, sa mère est fragile, son père n’assume pas qui il est. Et elle, au milieu de tout ça essaie de se trouver. Cette ado mal dans sa peau, sans repère, bernée, trompée, après une tentative de suicide, se réfugie dans ce qu’elle aime le plus, la comédie. « Ma confiance revient, J’écris ‘Vivre, vivre…’ sur des dizaines de pages de mon cahier, d’une écriture survoltée de plus en plus large. Avec ces grands V partout, qui remplissent toutes les feuilles, j’ai l’impression d’assister au départ d’une colonie d’oiseaux migrateurs. » Isabelle rêve d’une famille classique, qui baigne dans le bonheur, mais ça c’est un rêve.
Isabelle Carré a pris la plume pour se confier ou se délivrer d’un passé douloureux qui la hante. On sent la fragilité de la narratrice dans ses propos si délicats. Elle ne juge pas ses parents qui pourtant l’ont beaucoup fait souffrir, ne leur en veut pas. « Près d’eux, je ressemble au vilain petit canard d’Andersen, qui s’estimait insuffisant, pitoyable, jusqu’au moment où il croise des cygnes sur sa route et découvre, stupéfait, qu’il en est un. » Au contraire, grâce à eux elle a cru en ses rêves jusqu’à les réaliser. Le théâtre est une libération, elle respire… vit. J’ai découvert un passé chaotique motivé par l’amour de la comédie. Isabelle Carré a su rendre son texte lumineux et plein d’espoir. Comme quoi dans la vie, tout est possible avec l’envie et la motivation.