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15 mars 2017

La téméraire- Marine Westphal

Stock, parution janvier 2017, 138 pages

 

     Parce qu’il y a des livres qui me bouleversent plus que d’autres. ‘La Téméraire’ fait partie de ceux-là. Une sensibilité, une douceur profonde qui prend aux tripes dès les premières pages.

     Bartoloméo dit Lo Meo est victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral).

« Que s’était-il passé ? Une grenade avait pété dans la tête de Lo Meo. »

     Sali, son amour de 36 ans est présente à 200% pour celui qu’elle aime le plus au monde, le père de ses deux enfants Gabin et Maïa. Elle est secondée par une infirmière Olga qui participe aux soins de nursing quotidiens, sa voisine l’aide à remplir le réfrigérateur. L’esprit de Lo Meo n’est plus là, reste seulement ce corps inerte, légume.

« Tête sans lumière, corps chiffon, passé gommé. »

     Sali s’oublie, se néglige pour faire face à cette épreuve, accompagne son mari jusqu’à l’épuisement afin qu’il ne manque de rien. Mais combien de temps peut-elle tenir physiquement, moralement ?

« Je crois que le plus cruel pour eux dans l’histoire, c’est de continuer à voir cet homme alors qu’ils l’ont perdu. » 

 

     Le récit est pointé vers le chagrin, la souffrance qu’éprouvent les vivants face à la maladie, le handicap, face à cette mort lente à venir.

« Car il est une chose plus pénible encore que d’apprendre la mort d’un être aimé, c’est de l’attendre. Elle n’avait jamais été patiente. »

     L’accompagnement vers la fin de vie est abordé de façon juste par Marine Westphal, étant elle-même infirmière, ce sujet la concerne directement.

     Un roman court, d’une intensité poignante où Sali nous offre une magnifique déclaration d’amour à Lo Meo. Cette femme courage m’a impressionnée à travers ces quelques pages, elle qui donne tout et ne reçoit plus rien de son mari, même pas un sourire, elle est seule mais résiste pour lui.

« Montre-moi, Bartholomeo…Fais quelque chose…Je suis là, je suis toujours là…Je ne peux pas deviner, amour, si tu es encore là, toi aussi…Trouve un moyen. »

« Sali s’accroche, parce que, malgré tout, sa vie ne s’achève pas ici, et elle pense que c’est peut-être là la cruauté du grand manège des vivants : il continue de tourner quand un, ou deux, ou cent basculent dans le vide, lâchent les rênes et se font rattraper, piétiner. »

     Ce livre nous questionne encore et toujours sur la Loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, avec des modifications apportées  le 2 février 2016 concernant les soins palliatifs, les directives anticipées et la personne de confiance.

     Étant également du milieu médical je me ferai un plaisir de faire circuler ce bouquin dans mon service.

     Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017.

 

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