Actes Sud junior, mars 2015, 146 pages

     Au décès de sa grand-mère, Romain 16 ans, hérite un peu par hasard de son appartement. Après négociation avec ses parents il décide d’en faire une colocation. Romain se retrouve à partager l’appart avec deux gars qui ne lui ressemblent absolument pas. Il y a Rémi, le geek, fan de jeux vidéo, qui vit un enfer à l’internat. Et Maxime, le beau gosse du lycée, populaire, qui fait les 400 coups.

     Après quelques travaux, les trois ados emménagent à la rentrée. Répartition des tâches quotidiennes selon un planning orchestré de main de maître par Rémi. Ils apprennent à se connaître, à s’apprivoiser et à vivre ensemble.

« Bon, la première chose que nous avons faite, quand nos parents ont tourné les talons, c’est de hurler- de joie, de soulagement. »

     Mais tout ne se déroule jamais vraiment comme dans un rêve, pas comme ils l’auraient voulu. Cette belle histoire d’amitié va être mise à rude épreuve.

« Là, j’ai eu un moment de déprime, tout à coup. J’avais imaginé autre chose. Moins d’individualisme. Plus de solidarité. C’était idiot, je m’en rendais compte, nous nous connaissions à peine, il n’y avait aucune raison pour que nous formions une équipe- mes illusions fondaient. »

     Des enchevêtrements feront grandir Romain, l’amèneront progressivement à être un adulte responsable car c’est avec ses erreurs que l’on apprend.

« Il a fallu apprendre. En accéléré. Tout ce qui paraît naturel quand on vit avec ses parents, ses frères et ses sœurs, et qui soudain devient source de désagréments, de malentendus et de frictions. »

     Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman un agréable moment de lecture. Une ambiance de camaraderie, trois ados totalement opposés qui se lient d’amitié, une construction, des faiblesses, un rude apprentissage et puis évidemment les premières amours de jeunesse.

     Jean-Philippe Blondel trouve encore une fois le sujet parfait pour attendrir le lecteur, le mettre directement dans l’ambiance et l’émouvoir. C’est joliment écrit avec juste ce qu’il faut. Et oui, la coloc n’est pas si simple que ça mais c’est une belle leçon de vie pleine de richesse.

« C’est important comme partie du corps, l’épaule, non ? C’est sur celle de l’autre qu’on se repose, qu’on pleure, qu’on s’appuie ou qu’on s’endort. Dès demain, c’est ce que je vais m’atteler à devenir. Une épaule. Forte, solide et douce à la fois. Sacré défi. »