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12 janvier 2022

Les méduses n’ont pas d’oreilles- Adèle Rosenfeld

Grasset, janvier 2022, 237 pages

 

Il ne reste à Louise que très peu d’audition à l’oreille droite, la gauche étant déjà condamnée. Quelques sons lui parviennent encore mais elle lit principalement sur les lèvres de ceux qui l’entourent. Comme pour ne jamais oublier ces quelques bruits, elle en garde une trace dans un herbier sonore. «  Nom latin : siren siphonarius. Nom vulgaire : sirène de pompiers. Latitude : 48.866667. Longitude : 2.333333.  Chant diphonique de phoques de la mer Rouge. » Mais aujourd’hui, il est temps pour Louise de prendre une décision : la pose d’un implant.

« Mais est-ce qu’entendre, c’était avoir accès au langage ? Oui. Et non. Car, entendre, ce n’était pas écouter. Comme regarder, ce n’était pas voir. Je savais écouter, mais je n’entendais plus. Et pourtant, tout ce temps, j’avais entendu du langage. Je m’étais écoutée écouter, c’était peut-être là que j’étais devenue totalement sourde. En me faisant implanter, je pourrais entendre de nouveau et ne plus m’écouter écouter. »

 

pp

 

Adèle Rosenfeld nous entraîne dans le monde de son héroïne fait d’humour et de poésie. Le combat que se livre Louise contre la surdité est intéressant lorsque l’on est entendante comme moi. L’autrice est parvenue à me faire découvrir un autre langage, une autre écoute. La pluie qui tombe sur la voiture. Le vent qui souffle dans les arbres. Le clic du radiateur. Et si ces petits bruits étaient le silence ? J’écoute. Je m’interroge. Et en refermant ce roman, je prends conscience de ma peur du silence. Un beau premier roman.

« C’est alors que je me suis souvenue de cette phrase de Victor Hugo : ‘Qu’importe la surdité de l’oreille, quand l’esprit entend ? La seule surdité, la vraie surdité, la surdité incurable, c’est celle de l’intelligence.’»

 

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