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10 mai 2018

Chambre simple- Jérôme Lambert

 

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L’Iconoclaste, parution janvier 2018, 182 pages

 

     Julien se réveille dans une chambre d’hôpital, il vient de réchapper à la mort suite à une violente crise d’épilepsie. Son amour, Roman, est présent près de lui, là, ici, pour lui, chaque jour. Afin de contrer cette maladie chronique Julien doit rester immobile avec pour seule distraction des murs blancs. « Parce qu’on n’existe pas à l’hôpital. C’est un sas hermétique. On vient te nourrir, changer ton eau et vérifier tes réflexes, mais tu te cognes au verre du gros aquarium. Tu n’as que tes forces propres, tes pensées, tes désirs. Et encore. Très vite toute la chimie te les enlève et tu es comme les autres. Gris, vierge et triste. » Pourtant il devrait s’y faire, se sentir à l’aise, ce n’est pas son premier séjour. La présence de Roman déclenche chez lui une foule de souvenirs. De cet amour immodéré et du pourquoi leurs routes se sont séparées. « Tu m’aimes assez – dit oui – pour me faire l’amour après les cathéters, les trous dans l’épiderme, le pistolet pour pisser, la camisole et le déambulateur, après les petites cuillères de purée glissées dans ma bouche parce que je suis trop faible, les compotes dégueu et les érections qui ne veulent rien dire sous ces draps à usage unique ? » En attendant le corps de Julien ne lui appartient plus.

 

     Chambre simple’ c’est un huis clos, à un instant T de la vie d’un malade, d’un patient, d’un amour et de soignants. Chacun des protagonistes se livre et retrouve des âmes qui vivent le temps d’une phrase, d’un chapitre. « Je connaissais par cœur les étapes. Je ne peux même pas dire qu’on les franchit car tout se passe en fin de compte malgré soi. Pas le droit d’affronter ça de notre plein gré, on est direct face au mal, avec nos tripes et notre courage qui se ratatine au moindre diagnostic comme une bite dans l’Atlantique glacé. » Une immersion dans ce lieu psychorigide de l’hôpital avec ses règles, ses interdictions, ses heures de visite, ses repas à heures fixes, ses menus imposés et son fameux café jus de pisse ! Les voix s’élèvent au milieu pour faire entendre leur mal-être. Les malades qui encaissent, subissent et survivent. Les soignants prêts à tout donner pour rendre l’hospitalisation des patients moins difficile.  « Et je fais ce métier pour avoir du pouvoir sur le mal, pour me dire que ce n’est pas une fatalité et que ce n’est pas la mort assurée. » L’amour est également présent, celui qui sauve, fait réfléchir et se disloque. Jérôme Lambert parvient à mettre en beauté le parcours d’un malade et le travail soignant avec une plume si juste et très près de la réalité. Un bel hommage à eux. Un roman plein d’humanité, attendrissant et attachant. Évidemment, comme je suis du métier je ne peux que vous dire de le lire, mettre des mots sur les maux et en faire un beau roman.

 

 

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Commentaires
K
C'est un thème qui me fait un peu peur... mais pourquoi pas, vu que tu en parles très bien.
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A
Une belle lecture pour moi aussi (même si je n'en ai pas encore parlé). Jérôme Lambert mériterait d'être plus largement connu ; il ne m'a encore jamais déçu.
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J
Un livre qui m’attend, je vais le remettre en haut de la pile
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H
Merci :) et fais moi signe si tu le lis
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A
Comme tu en parles bien. Moi qui ne suis pourtant pas très attirée par les romans qui se passent en milieu médical tu m'as donné envie ;)
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