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9 mai 2018

Ta vie ou la mienne- Guillaume Para

Éditions Anne Carrière, parution février 2018, 195 pages

 

 

     Hamed est orphelin. À 13 ans il n’a ni père ni mère. Son oncle Tarek et sa tante Asma le recueillent et l’élèvent comme leur fils. Le grand passionné de football qu’il est l’amène à croiser le chemin de François, gosse ‘hors-norme’ malmené au collège. Contre toute attente Hamed devient son ange gardien, une belle amitié les lie désormais. «  François et lui formaient un duo irrésistible, avec une répartition des tâches inchangée : François faisait briller Hamed et en était heureux. » Hamed fait la connaissance du père de son nouvel ami, Pierre, grand amateur de football se proposant de l’aider à progresser pour devenir pro. Et puis, il y a Léa, petite bourgeoise dont le cœur semble inaccessible. « Les regards insistants de la jeune fille avaient attiré son attention, puis sa beauté, son visage, ses yeux bleus, ses cheveux sombres, sa grâce l’avaient envoûté. Il y avait aussi cette énigme qui ne le laissait pas en paix : pourquoi paraissait-elle si dure ? Pourquoi dégageait-elle une telle mélancolie ? Son regard était austère, son visage impassible, dépourvu d’émotions. Une beauté froide et une attitude de repli, une rigidité, comme une tristesse. » Lui, la petite racaille de Sevran parviendra-t-il à saisir cet amour ? Les opposés offrent parfois de belles rencontres lorsque l’on a 16 ans et que l’on tord le cou aux préjugés. Un soir, vient le temps des confidences sur l’oreiller, des lourds secrets et tout bascule, Hamed passe quelques années en prison. Peut-on se cacher derrière un spectre sans être inquiété ?

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      ‘Ta vie ou la mienne’ ce n’est pas le monde des bisounours. On est très loin de la belle histoire d’amour et tant mieux, ça change. Mais voilà, il faut être prêt à encaisser la violence. Celle du collège, lorsque l’on n’est pas dans la norme de certains merdeux. Celle de la rue, lorsque l’on vient de la cité et que l’on se confronte aux riches. Celle de la prison, qui brutalise et change un homme, lui retirant toute son humanité. « -Tu ressors avec ton diplôme du crime, gamin, mais, je te le demande : n’en fais rien. » Hamed se sert de cette violence comme d’une force pour avancer, évidemment rien n’est simple et des rencontres décisives l’aideront à voir le bout du tunnel, mais en a-t-il vraiment envie ? le mérite-t-il ? Guillaume Para a choisi le football comme fil rouge, cela aurait pu me faire fuir mais je suis tombée sous le charme d’Hamed, ce gamin sans prétention qui espère vivre un jour de sa passion. Et puis, cette écriture, sans fioriture, donne encore plus de réalisme à des personnages forts, côtoyant les disparités sociales, l’amitié, l’amour, la prison et la justice. Le passage sur la prison de Fleury-Merogis m’a confortée dans ma vision de cette jungle judiciaire. Le roman aurait pu s’appeler ‘les malheurs d’Hamed’ sans être péjorative bien sûr, mais à y réfléchir un homme peut tout à fait être confronté à autant d’évènements dramatiques dans sa vie. C’est un récit de pas d’bol, de malchance, de dommage collatéral, d’imprévu … et d’amour. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai versé ma larme mais il secoue bien ce premier roman.

 

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