Eroica- Pierre Ducrozet
Grasset, avril 2015, 264 pages
Nul besoin de présenter Jean-Michel Basquiat, grand peintre du XXème siècle. Dans son roman, Pierre Ducrozet en fait un personnage dont nous suivons le parcours.
Jean-Michel Basquiat alias Jay, jeune homme révolté dès son enfance, recouvre les murs de la ville de graffitis étranges, signé du nom de SAMO. Ses dessins grouillent et fourmillent de partout. Des mots, des couleurs, de la rage. Jay explose. Et voilà qu’un jour, les projecteurs lui tombent dessus. Qui est cet homme à la peinture significative?
« Il peint à toute allure. Il leur donne du nègre en cage, de l’artiste sauvage, du génie fulgurant, tout ce qu’ils aiment, or il sait parfaitement ce qu’il fait : il mêle le jaillissement et son contraire. Il sait composer une toile et l’équilibrer avec une finesse inouïe, il sait comment poser cet élément là et ce noir ici pour la balance là aussi, il sait (mais comment ?) mêler la puissance torrentielle (masques, cris, effroi, tout ce que vous voudrez) à la post-modernité dans une virtuosité insensée. Ses tableaux sont un vrai bordel parfaitement pensé. »
Jay bouillonne. Jay peint. Le génie passe de l’ombre à la lumière si vite qu’il n’en maîtrise pas les rouages. Et pour cela Jay sombre dans la drogue. Consommant de multiples drogues et conscient de se briser à petit feu mais il peint, le principal pour lui. Jean-Michel Basquiat décède à l’âge de 27 ans, laissant une trace de lui dans l’Histoire de l’art.
« Son option à lui c’est tout, en quantité.
Il s’agit d’avaler tout ce qu’il peut pour combler le creux.
Il s’agit
de peindre plus de tableaux que Picasso
de faire de meilleurs croquis que Léonard de Vinci
de baiser plus de filles que Mick Jagger (ça va être compliqué mais il faut être confiant)
de sniffer plus de coke que Bowie en 1974 devant son saladier auto-alimenté par un réacteur ou est-ce un groom
de battre Matisse en couleur et en grâce
de battre Bacon en torsion et en horreur
de battre Twombly en foutoir
d’être plus rock que Lou Reed
d’être plus célèbre que John Lennon
d’être plus cool que Steve McQueen
de battre Van Gogh en vertige
Son plan, c’est ça. »
Pierre Ducrozet nous dépeint la vie éclair de Jean-Michel Basquiat avec beaucoup d’intérêt et de fascination. Je connaissais les œuvres du peintre mais finalement très peu de sa vie. Eroica est un roman riche et intense, nous donnant envie d’en lire encore plus sur Jean-Michel Basquiat. Une rencontre savoureuse de l’art.
Source: wikiart.com