Dévisagée- Erin Stewart
Gallimard Jeunesse, février 2020, 456 pages
Ava est la seule rescapée du terrible incendie qui a ravagé sa maison. Ses parents, sa meilleure amie, son visage. Brûlée à plus de 60% sur tout le corps, elle ne s’appartient plus. «Je. Ne. Suis. Pas. Comme. Les. Autres.» Soutenue par son oncle et sa tante, elle tente d’être une ado normale et de vivre avec un trou béant dans le cœur. D’après eux, un retour au lycée lui serait bénéfique. Il est temps. Ava sent le regard des autres sur elle, sur ses brûlures et n’est pas capable d’affronter le monde. «Je suis une bête curieuse qu’on observe, pas une personne à qui l’on parle.» Heureusement, elle croise le chemin de Piper et Asad, deux ‘cassés’ par la vie. Et les choses ne seront plus pareilles.
« Mon histoire.
Une protection dérisoire.
Une étoile.
Que sont ces cicatrices ?
Suis-je cette peau ?
Suis-je à jamais enfermée
derrière les barreaux
de ce corps estropié ?
Ou suis-je plus que ça ?
Plus que cette mosaïque
de honte et de culpabilité ?
Une petite voix m’assure,
que sous les sutures,
je suis toujours là.
Faite
De cendres
De fumée
De cicatrices-
Une fille
Ses ailes
Attendent
de se déployer. »
Une fois de plus, je me dis que la littérature jeunesse regorge de pépite. Dans ce roman, il est question des grands brûlés. Et quel sujet difficile. Erin Stewart porte une réflexion sur cet état de ‘brûlé’, son après. La survie. L’acceptation. Le don de soi. Je suis passée par toutes les émotions en lisant l’histoire d’Ava. Une héroïne si touchante et vivante. Unique. Les flammes lui ont brûlé les ailes alors elle se reconstruit et s’accepte grâce à ses amis. C’est fort, très fort. Erin Stewart nous interroge aussi sur le regard que l’on pose sur le handicap, la différence. La maladresse que nous avons face à des situations dont nous ignorons l’origine. De quel droit nous permettons-nous de dévisager ces personnes.
Dévisagée, bouleversant de vérité et d’espoir.