Boom- Julien Dufresne-Lamy
Actes Sud Junior, avril 2018, 111 pages
Boom comme les larmes qui ont coulé de mes yeux et heurté le sol. C’était à prévoir. Cette collection ‘D’une seule voix’ et cette quatrième de couverture ont ému mon petit cœur de pierre. Encore une fois, pas déçue de cette lecture. Je vous en dis plus, sortez les mouchoirs.
Timothée et Étienne sont amis depuis trois ans. Timothée, le gentil, un vrai Molière. Étienne, le rebelle, le souillon. Deux personnalités et deux caractères tout aussi différents que liés par une forte amitié fusionnelle. « Trois ans de confidences, de joie, de gueule de bois. Trois ans de gueule de joie, c’est ça. » Afin de donner un peu de piment à leur scolarité ils décident de postuler pour un voyage à Londres et sont sélectionnés. Il aura fallu une voiture folle, un attentat sur le pont de Westminster pour briser à jamais cette jeunesse. « J’apprends ta disparition et ça grésille. Mon corps s’éteint et la planète entière devient une machine détraquée. Je deviens zinzin. Je perds le goût des aliments, le sens des couleurs, chaque émotion. Ma mémoire flanche. » Timothée n’est plus. Étienne s’en veut, culpabilise de ne pas avoir été présent pour son ami à cet instant.
Julien Dufresne-Lamy livre la seule voix d’Étienne dans son récit. Celle de cet ado en mal-être, qui souffre de la perte de son meilleur ami et ne sait comment s’en remettre et continuer à vivre. « Tu es parti avec ma tranquillité. Je ne dors plus, je vis mal, mes nuits sont bruyantes et mes journées deviennent de longs tunnels silencieux. » Dans son monologue il s’adresse à lui, évoque des souvenirs bons, doux, joyeux, tristes, conflictuels, de leur rencontre jusqu’au drame. C’est la voix du vivant, qui doit affronter ce deuil et tenter d’avancer, de vivre, seul contre celle de celui qui est mort. « Tu es mort, Timothée. Quand je l’écris, ça me lance. Comme une piqûre vive et lancinante. C’est dans mes bras et dans mon crâne. Dans un coin quelque part. Je ne sais plus localiser. »
Boom est un ouvrage court mais très intense et profond. L’auteur parvient à taper là où ça fait mal avec une grande précision dans ses mots, sans jamais heurter le lecteur car du fait des actualités le sujet d’attentat était un peu risqué. Chaque mot est posé au bon endroit, poétique, chantant et illuminant le texte.
Boom est une déclaration d’amitié. On pourrait se dire que trois ans ce n’est rien, mais en avons-nous le droit ? Ces deux jeunes s’aimaient, d’amitié certes, mais ils étaient liés et Étienne le montre bien à travers son récit. Il parle de son ami, de sa moitié, partie trop tôt, de son MacGyver aux 400 coups, de cette épaule sur qui compter. Ses confidences sont sincères, émouvantes et les lire donne des frissons tant nous pourrions être à leur place.
Un texte indispensable au fait de dire plus souvent je t’aime aux gens avant que ne survienne un évènement dramatique.