JC Lattès, parution janvier 2017, 380 pages

     Camille, 17 ans, vient d’obtenir son Bac avec mention faisant la fierté de ses parents. Elle a tout pour être heureuse mais elle n’en peut plus de vivre recluse avec une mère lui interdisant tout à elle et sa sœur. NE PAS parler aux inconnus, sortir de la maison toute seule, se lever tard, réclamer, se disputer avec Emilie, rapporter de mauvaises notes, répondre (aux parents, aux profs, au téléphone), quitter la table avant d’avoir terminé son assiette, choisir le programme télé quand Papa est là, se maquiller ou jouer à la grande, écouter de la musique fort, dire des bêtises, faire des bêtises.

     Heureusement, Eva originaire de Pologne et meilleure amie est présente en toutes circonstances et devient son grand amour.

 « On s’est embrassées à s’en filer des gerçures. Quand c’est de toi, alors là oui, je meurs de faim. »

     Elle qui est son opposé avec son esprit rebelle et sa  forte personnalité. Et puis un jour, Eva se volatilise sans explications pour Camille. Pourquoi ne répond-elle pas à ses textos ni à ses appels ? La croyant partie en vacances avec ses parents Camille décide de la rejoindre en Pologne. Commence alors un voyage à travers une Europe inconnue pour elle où elle croise la route de nombreuses personnes. Mr X devient son chauffeur le temps d’un détour de centaines de kilomètres.

« J’ai suivi les yeux fermés un type qui pense que le Kosovo lui appartient, que son pays est le roi du monde. Un type qui, pour m’éloigner de toi, m’a passée comme un bâton de relais. Et je suis là, loin de tout… »

     Elle perce la beauté de la Serbie grâce à Ivan et pénètre l’intimité du foyer familial.

« On dirait qu’Ivan avait raison. Son pays est le plus beau pays du monde. En tout cas, un pays qui sourit à dessein, un pays qui réconforte. »

     Lasha lui fait traverser la Slovaquie dans son camion, il est très intentionné envers Camille, un lien fort se tisse entre eux.

« Trois jours seulement qu’on se connaît, mais Lasha, c’est déjà un peu comme un foyer à lui tout seul. »

     Et puis, cette rencontre place Rynek, avec Micha interrompue par un mail du père de Camille lui disant de rentrer en urgence. Que s’est-il passé d’aussi grave ? Pourquoi lui obéir ? À son retour elle tombe sur le carnet intime de sa mère et entrevoit qui elle est réellement. Va-t-elle réussir à mieux comprendre sa mère en lisant ses écrits ?

     Un roman riche de cultures, de rencontres, de pays à découvrir et de gens attendrissants. Sandra Reinflet explore la famille avec ses difficultés, le mal-être des ados, l’éducation donnée est-elle la meilleure ? C’est aussi un roman optimiste prouvant que l’on peut agir pour notre destinée avant que celle-ci ne sombre en y modifiant les contours néfastes. La relation mère-fille est magnifique, basée tout d’abord sur un échec relationnel, elle évolue et s’apprécie au final, telle une fleur qui éclot. Une lecture que j’ai envie de mettre entre toutes les mains des mamans.

     Petit bémol, ce qui m’a marquée le plus c’est la traversée de l’Europe par une ado sans aucun incident ! Sans généraliser, nous ne vivons pas dans un mode de bisounours, ni dans un roman happy end ! Ce qui me heurte à cette question, peut-on protéger nos chérubins de tout et de tout le monde ?

     Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017