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22 mai 2023

Nos pères. Nos frères. Nos amis- Mathieu Palain

Les Arènes, janvier 2023, 237 pages

 

Nos pères. Nos frères. Nos amis. Un titre faisant référence aux propos de l’actrice Adèle Haenel. En 2019, sur le plateau de Médiapart, celle-ci dénonçait les agressions sexuelles dont elle avait été victime.

 « Les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société. C’est nous, c’est nos amis, c’est nos pères. Et on n’est pas là pour les éliminer, on est là pour les faire changer. Mais il faut passer par un moment où ils se regardent. Une femme sur cinq- et je suis gentille, car c’est beaucoup plus que cela- est confrontée à la violence des hommes. Donc on peut quand même questionner ce que c’est que la virilité, aujourd’hui. »

 

nnn

 

Durant 4 ans, Mathieu Palain, rassemble les paroles de ces hommes violents. Il entre dans leur tête et les propos sont durs à entendre. La réalité est là. Il se la prend de pleine face. Dans des groupes de parole ou lors d’auditions judiciaires, ces hommes livrent les faits, le pourquoi du comment, leur version, leur justification et j’en passe.

« La violence, m’a-t-ton expliqué, suit un rythme cyclique : dans la premières phase, un climat de tension s’instaure, l’homme se met en colère, multiplie les reproches envers sa compagne, puis il passe à l’acte et violente sa victime, qui est traumatisée, humiliée, désemparée. Dans la troisième phase, il lui reproche ce qui vient d’arriver. ‘Tu m’as poussé à bout’, ‘C’est de ta faute, tu vois que je m’énerve et tu continues’, puis dans la quatrième phase, il s’en veut, présente ses excuses, se dévalorise –‘Je ne te mérite pas’-, offre des cadeaux et menace, parfois, de se suicider. Cette phase dite de ‘lune de miel’ laisse penser qu’un nouveau départ est possible. Mais le cycle se remet en branle, et avec lui vient la tension, les insultes, les coups, les justifications, les cadeaux… Plus la relation dure, plus les cycles sont courts. Chez certains, on passe des coups à la lune de miel deux fois dans la même journée »

Il n’est pas question d’excuser ou de défendre qui que ce soit. Ce livre est une enquête, bourré de témoignages plus révoltants les uns que les autres. Je l’ai reçu comme une urgence de dire encore et plus fort que « tout se joue dans l’enfance ». Aux jeunes garçons, qu’il faut éduquer au respect et aux valeurs humaines. Aux petites filles, à qui il faut dire qu’elles ont toute leur place dans cette société qui leur en fait douter. Il y a tant à faire pour que les choses bougent, pour que les comportements évoluent. C’est à nous adulte, parent, de prêter attention aux gestes du quotidien, aux paroles, aux regards qui blessent, brisent, détruisent. La bienveillance doit être au cœur de nos vies.

« La violence ne définit pas une personne. On a beau être drôle, attachant, sensible, intelligent, on peut aussi être violent. On a beau être aimant, fragile et même tendre, on peut encore être violent. »

 

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