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12 septembre 2020

Un garçon c’est presque rien- Lisa Balavoine

Rageot, août 2020, 256 pages

 

Rentrer dans une case. Pour Roméo, il en est hors de question. Aux yeux des autres, c’est un être différent, hors catégorie, hors-jeu. Essuyant les moqueries, Roméo préfère jouer la carte de l’invisibilité et observe. Il ne s’attendait pas à faire, un jour, une rencontre qui changera tout.

 

« Je ne sais pas où est passée ma testostérone,

Et je n’ai pas envie de la trouver,

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Je voudrais juste ne plus entendre,

Toutes ces injonctions,

Et ne pas avoir à jouer

Ce rôle qu’on veut nous donner. »

 

« Peut-être que c’est comme ça

Les filles, les garçons

La vie, les envies

Les promesses, les désirs

Ça ne file jamais tout droit

Ça dévie de sa trajectoire

Ça fait des embardées

Ça finit dans le fossé

Peut-être

Que je m’y prends mal

Que je n’y comprends rien

Que je n’ai pas les codes

Pas les clés

Peut-être que c’est comme ça

Les sentiments

Ça vient ça va

Ça nous tient à distance

Ça ne file jamais tout droit

Peut-être

Que je pourrais

Savoir ce dont j’ai envie

Au lieu de tourner autour de moi

Comme ça

Sans jamais rien décider.

Il y a des jours

Où j’en ai marre

Marre de moi. »

 

On a tous déjà entendu la chanson d’Eddy de Pretto « Kid ». C’est cette même musique qui ouvre la bande originale d’Un garçon c’est presque rien. « Tu seras viril, mon kid. Je ne veux voir aucune larme glisser. Sur cette gueule héroïque et ce corps tout sculpté. Pour atteindre des sommets fantastiques. Que seule une rêverie pourrait surpasser. » Vous avez bien compris. Le ton est donné et ça va dépoter.

Lisa Balavoine pose ses vers libres en de courts chapitres rendant la lecture très rythmée comme pour nous signifier une urgence. Le message qu’elle véhicule dans son roman n’est pas choisi au hasard. Étant professeure documentaliste, elle est au plus près des ados, peut en observer les comportements et ainsi les retranscrire au plus proche dans son texte. Et elle ne fait pas dans la dentelle. La réalité est bien là. Terminé les ados bisounours. Et bonjour le harcèlement. Lisa Balavoine interroge le lecteur sur ce sujet un peu trop banalisé mais ô combien dramatique. Notre société prône la perfection, utilise des codes et des cases dans lesquelles chacun doit rentrer sinon t’es mort ! Le sujet est grave, je vous l’accorde mais l’écriture est belle, poétique. Aussi sombre soit-il je le trouve lumineux. Il donne la parole à un garçon à part, qui doute sans cesse, découvre l’amour et la beauté du geste.

Un garçon c’est presque rien, à lire pour ne jamais être seul.

 

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Commentaires
B
Ouah magnifique critique !
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A
Tout le roman est écrit à la façon de l'extrait que tu as choisi ?<br /> <br /> Si c'est le cas, j'ai peur de ne pas tenir sur la longueur... même si la thématique m'intéresse beaucoup.
Répondre
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