Après la vague- Orianne Charpentier
Gallimard jeunesse, parution mars 2017, 149 pages
À 16 ans, Maxime passe ses vacances d’été en famille à l’étranger. N’ayant aucune envie de partir en excursion au temple il préfère la bronzette sur la plage. Sa sœur jumelle Jade refuse de le laisser seul et se dévoue pour l’accompagner. Et puis cette envolée brusque d’oiseaux blancs interpelle. S’en suit la montée en puissance d’une énorme vague qui engloutit tout sur son passage.
« Ce n’est plus une vague, c’est un escadron de chars monstrueux lancés à toute vitesse. »
Max et Jade s’enfuient en courant vers l’hôtel, sans y parvenir. Ils sombrent ensemble mais Jade disparaît à jamais.
« L’eau qui m’entoure n’est plus de l’eau. J’ai l’impression d’être happé dans de gigantesques mâchoires. Je suis pris, broyé, dévoré, avalé. »
Maxime, vivant, reste choqué et se sent coupable.
« Ma sœur n’est plus, voilà ce qu’il fallait que je leur dise. Elle était. Et je sens que moi-même je n’ai plus d’avenir, je n’ai même plus de présent. »
Il est entouré de sa famille et consulte un psy mais rien n’y fait, il n’arrive pas à mettre de mots sur sa souffrance. Comment parvenir à vivre lorsque l’on perd une partie de soi ? Max essaie de faire face à ce mal-être qui le ronge. Parviendra-t-il à survivre, seul, sans sa jumelle ?
« Comment avait-elle pu penser, ne serait-ce qu’une seconde, que je pourrais vivre dans ce monde sans elle ? Elle m’avait déserté, elle m’avait trahi. Elle m’avait laissé à cette existence misérable. Elle m’avait condamné à lui survivre, avec le regret de son absence et le remords de mon propre souffle. Il me semblait qu’en me projetant vers la vie, elle m’avait volé mon destin. »
Ce roman est basé sur l’après catastrophe, la culpabilité d’être en vie, l’angoisse de vivre seul, la reconstruction de soi, le deuil.
Une fluidité de lecture qui le rend addictif. Orianne Charpentier nous emmène vers des sentiments contradictoires. Nous pleurons la mort de Jade, nous nous émerveillons sur les rencontres que fait Max dans son parcours de reconstruction, enrageons lorsqu’il fait sa tentative de suicide, et puis espérons tout du long qu’il soit fort et s’en sorte.
Max est attachant, lui qui lutte chaque jour pour survivre à cette culpabilité de ne pas avoir sauvé sa sœur. Un long chemin à parcourir pour accepter le deuil.
Au final une lecture pas du tout déprimante, juste belle et authentique. Un retour à la vie.
« -Vis ! »