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22 septembre 2020

Zone grise- Loulou Robert

Flammarion, septembre 2020, 215 pages

 

À dix-huit ans, Loulou Robert, jolie jeune femme, mannequin, fait son premier shooting avec un photographe de mode, D. Poser nue le temps d’un week-end pour constituer son book ne semble pour son agent et elle-même qu’une simple formalité. Elle y va, confiante. Un prédateur. Voilà ce à quoi elle fait face. Elle ne dit pas oui. Pas non. Ne se défend pas. Ne s’oppose pas. Ne hurle pas. Et pourtant, une relation non consentie. Dix ans plus tard, Loulou Robert peut enfin mettre des mots sur ce qu’il lui est arrivé. Tenter de comprendre pourquoi elle n’a pas su dire non.

 

« La zone grise est un schéma. Elle protège les prédateurs. Un moyen de nous tenir en laisse. Elle n’empêche pas le viol, elle l’encourage. Elle ne l’annule pas, elle le renforce.

Un viol discret.

Un viol complexe.

Un viol silencieux.

Un viol masqué.

Un viol moderne.

Un viol de tous les jours.

Si c’est ça la zone grise, alors oui, j’y étais.

Oui, il est question d’elle à chaque page de ce livre.

Oui, je suis née dedans.

Non, je ne compte pas mourir dedans. »


119985714_651711809078392_2452088615719174984_nLire
Zone grise est douloureux. Il vous retourne l’estomac. Spectateur du viol. L’envie de vomir et hurler. Le refermer ? J’en étais incapable. Il me fallait aller jusqu’au bout. Pour elle, la soutenir, lui dire qu’elle a eu raison d’écrire « Ce livre est un combat. ». Les phrases sont courtes, comme dans ses romans. C’est elle. Sa signature. Le récit est bouleversant. Loulou Robert ne fait pas dans la finesse. Son objectif n’est pas de démonter ce photographe. C’est plutôt elle qu’elle n’épargne pas. Elle brise son silence pour combattre. « Mon arme : mes mots, ma liberté. Mon arme : gratter, aller chercher plus profond.» Comprendre la Zone grise. Ce oui/non. Ce consentement. L’homme. Ce rapport au sexe.

Loulou Robert a écrit son histoire. Interrogeante et dérangeante pour certains mais indispensable pour nous.

 

« Je veux libérer. Protéger. Prévenir les jeunes filles. Déjouer le stratagème des prédateurs. Éclaircir la zone grise. L’éradiquer. La dézinguer. 

Je veux déculpabiliser les victimes « défaillantes », les comme moi, celles qui ne portent pas plainte, celles qui n’ont pas dit non, celles qui ne savent pas encore, qui sentent que quelque chose ne va pas mais ne savent pas quoi, celles qui ne se souviennent pas. Je veux donner les mots à celles qui n’ont pas le choix.

Car oui, certaines n’ont pas le choix. »

 

 

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Commentaires
A
J'ai aimé ses autres romans. J'espère lire ce récit là, malgré la difficulté et pour soutenir le courage de sa parole.
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