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20 novembre 2019

Sauvages- Nathalie Bernard

Thierry Magnier, août 2018

 

     Avant toute chose, précisons un peu le contexte historique du récit. Entre 1827 et 1996, au Canada, a existé ce que l’on appelait des pensionnats autochtones. Dans ces lieux le seul objectif était de faire oublier la vraie nature des indiens par n’importe quelle méthode. Nathalie Bernard s’est inspirée de témoignages pour nous livrer cette histoire.

« Au ‘pensionnat pour sauvages’, comme ils l’appellent, soit on se plie aux règles et on peut espérer survivre, soit on ne s’y plie pas. Si on choisit cette dernière option, au mieux on vit en enfer au pire on meurt… »

     Jonas alias numéro cinq est pensionnaire ou plutôt prisonnier du pensionnat du Bois Vert, Québec. À 16 ans, il compte les jours qui le séparent de la liberté. « Deux mois, soixante jours, mille quatre cent quarante heures. » Retiré à sa mère mourante, il y vit depuis six ans. Dans ce lieu règne une ambiance malsaine, menée par le terrifiant Séguin, la vipère, dont la mission principale est de « tuer l’indien dans l’enfant ». Jonas ne supporte plus les maltraitances des bonnes-sœurs et du prêtre, et si près de la liberté il vaut mieux faire profil bas. Mais c’est sans compter sur le comportement inqualifiable de Séguin ; Jonas se retrouve alors en mauvaise posture, et son départ est précipité.

 

sauvages

     Nathalie Bernard nous entraîne dans un roman historique et thriller. Dès l’avant-propos le ton est donné, inspiré de faits réels. Je ne connaissais pas l’existence de ces pensionnats autochtones, ma curiosité m’a poussée à lire quelques articles sur le net avant ma lecture. Vous imaginez bien que cela glace le sang. Des conditions de vie inimaginables, de la violence, des sévices, de la malnutrition, un contrôle absolu sur les indiens. Après une grande inspiration me voilà portée par l’écriture de l’autrice si vibrante à travers Jonas et son envie de vivre libre, enfin. Le texte est dur, j’en conviens, mais il nous confronte à une triste réalité et sensibilise sur ce peuple indien si méprisé.

     Le récit se divise en deux parties. La première, Dedans, aborde les derniers jours de Jonas passés au pensionnat. Elle est parfois difficile à lire, l’ambiance sombre fait froid dans le dos, besoin de souffler face à l’horreur des geôliers. La deuxième, Dehors, nous fait vivre à cent à l’heure la fuite de Jonas à travers la forêt, poursuivi par des chasseurs et leurs chiens. La vraie nature du jeune indien va alors refaire surface.

     Sauvages, ce titre n’est pas à utiliser pour ce peuple indien mais plutôt pour les tortionnaires de ces pensionnats. Un grand bravo à l’autrice pour ce document si complet grâce à ses très nombreuses recherches effectuées en amont et que vous pouvez retrouver à la fin de l’ouvrage. Nathalie Bernard rend un bel hommage à ces enfants tombés dans l’oubli d’une société où la différence n’avait pas sa place.

     Sauvages est un roman d’aventure lancé au triple galop dans une lutte pour la survie.

 

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