La Nuit introuvable- Gabrielle Tuloup
Philippe Rey, février 2018, 152 pages
Nathan n’a plus aucun contact avec sa mère depuis quatre ans et vit en exil en Slovénie. Il est contacté par une amie de celle-ci qui lui conseille de venir la voir rapidement. Profitant d’un séjour à Paris il décide d’aller voir ce qu’il en est. Cette dernière lui apprend que Marthe est atteinte de la maladie d’Alzheimer. « Puisque qu’Alzheimer a choisi d’élire domicile dans mes souvenirs, j’ai décidé d’être polie : j’ouvre la porte. On ne s’oppose pas à un hôte de cette envergure. » Elle lui a confié huit lettres, toutes destinées à son unique fils, écrites en pleine possession de ses facultés mentales. Mais celles-ci ne lui seront remises qu’une par une à chacune de ses visites. À l’intérieur Marthe y dévoile ce qui était tu jusqu’à présent, le douloureux, l’excès, pour se confesser, se libérer avant de sombrer. Elle veut que son fils sache et comprenne pourquoi elle n’a pas tenu son rôle de mère comme il l’aurait fallu. « Nous n’avons pas réussi à nous aimer jusque-là. Il y a toujours eu une sorte de filtre, tu as eu une mère enroulée dans du papier cellophane. J’avais l’air d’une mère à travers, mais toujours à travers. Ce visiteur redoutable qui débarque et bouleverse tout pourrait nous apprendre à percer le film. »
La Nuit introuvable c’est l’absence et le manque. De cette relation mère/fils inexistante, qu’une maladie essaie de faire renouer. Cette mère indifférente, peu aimante, ignorante de son unique fils m’a agacée. Et puis, au fil de la découverte des huit lettres elle m’a attendrie, a dompté mes sentiments et m’a sensibilisée sur ce rôle de maman si difficile à tenir coûte que coûte. « Fallait-il donc qu’elle soit amnésique pour pouvoir m’aimer ? »
La Nuit introuvable fait mal avec des thèmes universels : la maladie, la vieillesse et la mort. Cela nous interroge sur notre devenir ou sur le bilan que l’on doit tirer de notre vie sur terre. Chacun y laisse des plumes dans sa réflexion.
La Nuit introuvable c’est toute la sensibilité de Gabrielle Tuloup glissée dans ces pages. Elle nous susurre à l’oreille que le pardon guérit bien des blessures, mais tout à chacun d’y croire.
La Nuit introuvable c’est moi, toi, nous, eux en symbiose dans ce petit bijou de premier roman.