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4 janvier 2018

Le courage qu’il faut aux rivières- Emmanuelle Favier

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Albin Michel, parution août 2017, 217 pages

 

     Dans un village des Balkans, Manushe en se refusant à l’homme qui lui était promis en mariage il y a trente ans est devenue une ‘vierge jurée’. Par ce statut elle renonce à être une femme et vit seule. De ce fait, elle est très respectée par les villageois. « D’une voix forte, elle profère les paroles rituelles, jure par la pierre et par la croix de rester vierge, de ne jamais contracter d’union ni fonder de famille. » Lorsque le chef du village lui présente Adrian, elle en est déstabilisée. « Elle lui trouvait une beauté comme préservée dans la glace, une beauté qui n’avait jamais eu à se mettre à l’épreuve et qui semblait n’attendre que leur rencontre pour s’épanouir. » Mais ce jeune homme cache une malédiction familiale. Sa mère ne donnant naissance qu’à des filles et ‘lui’ en étant une, son sexe est alors caché depuis sa naissance. « De ce jour, Adrian grandit dans un tirce. Son sexe de fille était flouté par le vêtement ample et, à la puberté, son corps joua le jeu : ses hanches se firent discrètes, ses seins se turent. Comme par une complaisance biologique de l’organe à la nécessité sociale, sa voix même sembla muer. »

     Les deux femmes vont-elles pouvoir renoncer à leur féminité indéfiniment ?

 

     Emmanuelle Favier pointe son roman sur les traditions ancestrales, la place de la femme dans la société et la sexualité. J’ignorais l’existence de ces ‘vierges jurées’ bien loin de notre mode de vie européen. Renoncer à sa féminité, s’assumer et se faire respecter, oser être une femme dans une fonction d’homme. J’ai été impressionnée de cette liberté. L’histoire construite entre Manushe et Adrian est riche en émotions, profonde. Ce qui les unit n’est pas seulement leur émancipation, c’est bien plus fort. L’auteure aborde un thème bien réel en Albanie, pouvant offusquer le lecteur mais son écriture poétique fait que l’on s’oublie. Je me suis laissée voyager à travers les paysages des Balkans, m’imprégnant de chaque personnage aussi passionnant les uns que les autres.

     Je vous invite à découvrir cette première plume ô combien magnifique.

 

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