Les liens du sang- Errol Henrot
Le Dilettante, parution août 2017, 189 pages
François ne sait pas quoi faire de sa vie. Et puis, un jour, poussé par son père le voilà tueur dans un abattoir industriel, celui où lui-même travaille. Armé d’un couteau, son quotidien est de massacrer des animaux, ne se posant aucune question.
« C’était donc ainsi que sa vie se déroulerait. Toutes les quatre-vingt-dix secondes, il saignerait un corps suspendu par les pattes arrière, chaque jour, durant les quarante prochaines années. »
Les années passent et François ne supporte plus ce rôle de tueur, il s’interroge et le comportement de certains collègues le révolte. Se pose alors cette question : peut-il continuer ce travail sans ressentiment, sans agir ?
Ce premier roman est une bien jolie surprise. Et pourtant cela était mal engagé. Tout d’abord, une couverture plus que choquante et pas attirante du tout. Ensuite, ce sujet de tueur dans un abattoir, je ne voyais pas ce que l’on pouvait en dire. Enfin, certains passages sont à la limite du supportable.
Les premières pages nous plongent dans les viscères de l’abattoir. Une vingtaine de pages installant le décor.
« La vie pénétrait ici, et plus encore, la lutte pour la vie, affaiblie par la terreur mais prête à se défendre et résister à la mort. C’était sans doute l’émotion qui parcourait le corps de ces animaux, depuis leur arrivée jusqu’à leur défaite, sans répit. »
Là s’est posée la question de poursuivre ou non ma lecture. François, voilà qui a été mon élément déclencheur. Ce personnage si paumé dans la vie m’a émue, je voulais savoir ce que l’auteur en ferait. Le rapport au sang est très présent, qu’il soit humain ou animal. Humain avec la filiation père/fils qui est difficile, il y a un gros manque de communication. Est-il possible de se refuser à un destin tout tracé? Animal à travers la maltraitance faite aux animaux. Un sujet délicat dont notre société se voile la face.
Un récit puissant, percutant, choquant mis en beauté par une écriture forte. Et les huit dernières pages ne sont que douceur dans un monde de brut.